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108. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

Ces choses étant ôtées de la Comédie, les premiers Pères de l’Eglise ne la regardent plus, que comme une vaine curiosité, et s’ils condamnent cette vaine curiosité avec force, c’est dans des Sermons où l’on porte ordinairement l’Auditeur à la perfection, et où l’exagération peut être permise ; mais dans la rigueur Scholastique, on ne compte point absolument pour péché une chose qui n’est point de la perfection. […] Plusieurs Comédies, particulièrement celles des Comédiens Italiens, ne contiennent que des choses que7 Sylvestre célèbre Casuiste appelle vaines et divertissantes, plusieurs Pièces des Comédiens Français sont de même ; ainsi tout au plus on pourrait s’abstenir d’aller à celles qui représentent beaucoup de passions et des choses fort impures : Multum turpia, comme disent saint Antonin8 et Sylvestre. […] Il conclut, que ces Spectacles doivent être défendus, dans lesquels on ne voit que des choses malhonnêtes, où l’on n’entend que des paroles bouffonnes et vaines, où les représentations sont contre la pudeur, où les Comédiens et les Farceurs disent des paroles trop libres pour faire rire ». […] Et dans un autre endroit, savoir dans son Homélie 24 touchant la lecture des livres des Païens, vers la fin il dit : que pour conserver la pureté de son âme il faut éviter le plaisir des sens, qu’il faut fuir à cette fin les Spectacles et la musique que l’on y chante qui n’est propre qu’à corrompre l’âme, et à irriter les passions31. « Il ne faut point, dit-il, être curieux de voir ces Spectacles, et les vaines représentations de ces Charlatans, il ne faut point non plus prêter l’oreille à ces airs qui ne tendent qu’à corrompre l’âme : car cette espèce de musique ne porte point ordinairement d’autre fruit que l’esclavage et la dégradation de l’âme, outre cela elle irrite les passions ; et il conclut en disant : nous avons une autre musique bien meilleure que celle-là, et qui nous porte à nous attacher à des choses bien plus excellentes. […] Dans les Actes de Milan, Livre troisième, il est défendu aux Clercs d’assister aux Comédies, comme étant des divertissements criminels66. « Ils prendront garde, dit saint Charles, en parlant des Clercs, de ne point assister à toutes ces représentations fabuleuses, aux Comédies, à certains exercices d’armes et aux autres Spectacles vains et profanes, de crainte que leurs oreilles et leurs yeux qui sont consacrés aux divins Offices, ne soient souillés par ces actions et par ces paroles bouffonnes et impures ».

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