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18. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

On ne fut pas longtemps à s’apercevoir que le talent de censurer le vice, pour être utile, devait être dirigé par la vertu ; & que la liberté de la Satyre accordée à un malhonnête-homme, était un poignard dans les mains d’un furieux : mais ce furieux consolait l’envie : voila pourquoi dans Athènes comme ailleurs, les Méchans ont trouvé tant d’indulgence, & les Bons tant de sévérité : témoin la Comédie des Nuées ; exemple mémorable de la scélératesse des envieux, & des combats que doit se préparer à soutenir celui qui ose être plus sage & plus vertueux que son siècle… […] Ce problème qui confondait Boileau, devrait être pour les Auteurs Comiques un objet continuel d’émulation & de recherches ; & ne fût-ce pour eux que la Pierre Philosophale, ils feraient du-moins, en la cherchant inutilement, mille autres découvertes utiles. […] De ces trois genres, le premier est le plus utile aux mœurs, le plus fort, le plus difficile, & par conséquent le plus rare : le plus utile aux mœurs, en ce qu’il remonte à la source des vices, & les attaque dans leur principe ; le plus fort, en ce qu’il présente le miroir aux hommes, & les fait rougir de leur propre image ; le plus difficile & le plus rare, en ce qu’il suppose dans son Auteur une étude consommée des mœurs de son siècle ; un discernement juste & prompt, & une force d’imagination qui réunisse sous un seul point de vue les traits que sa pénétration n’a pu saisir qu’en détail. […] Il n’en est pas ainsi du comique attendrissant ; peut-être même est-il plus utile aux mœurs que la Tragédie ; vu qu’il nous intéresse de plus près, & qu’ainsi les exemples qu’il nous propose nous touchent plus sensiblement.

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