Suivez la plupart des pièces du théâtre français, vous trouverez presque dans toutes des monstres abominables et des actions atroces ; utiles, si l’on veut, à donner de l’intérêt aux pièces, mais dangereuses certainement, en ce qu’elles accoutument les yeux du peuple à des horreurs qu’il ne devrait pas même connaître, et à des forfaits qu’il ne devrait pas supposer possibles. […] Il n’a donc point prétendu former un honnête homme, mais un homme du monde ; par conséquent il n’a point voulu corriger les vices, mais les ridicules, et il a trouvé dans le vice même un instrument très propre à y réussir. […] Il dit, à la vérité, qu’il a conçu une haine effroyable contre le genre humain, mais la raison qu’il rend de cette haine en justifie pleinement la cause : ce n’est pas des hommes qu’il est ennemi, mais de la méchanceté des uns, et du support que cette méchanceté trouve dans les autres. […] « C’est véritablement un grand service, leur dit cet académicien, si, en adoucissant les mœurs, vous les avez rendues meilleures et plus pures ; mais si vous ne les aviez adoucies qu’en les amollissant, si votre magie n’avait servi qu’à transformer des tigres et des lions en des renards et des singes ; le beau secret que vous auriez trouvé ! […] J’ouvre vos livres, et je ne trouve partout que certaines amours romanesques dont l’absurdité et la triste uniformité sont encore les moindres défauts.