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46. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Dès qu’une Troupe arrive dans une ville, c’est une peste qui infecte tout, une armée de sauterelles qui ronge jusqu’à la racine la pudeur et la religion ; jamais grêle ne fit plus de ravage. […] Jamais dans toutes les Troupes de province, qui sont en grand nombre, ni le Roi, ni le Magistrat, ne s’est embarrassé des Actrices que pour les contenir ou les chasser. Pour la Troupe qui joue à la Cour, il peut se faire que quand quelque Acteur excellent a voulu quitter, on lui ait témoigné du regret, et le Roi lui ait dit quelque parole obligeante pour le retenir. […] Si chacun pouvait sortir à son gré, et obtenir une pension, la caisse de la Troupe n’y suffirait pas. […] Voici un témoignage non suspect de l’intérêt que l’Etat et le Roi doivent prendre à retenir dans les troupes des Comédiens des personnes aussi distinguées par leur naissance et leur vertu, et qui y font de si grands biens par leur conduite édifiante.

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