Cette Damoiselle sortait du Sermon toute joyeuse de n’avoir pas eu sujet d’être touchée de la voix du Prédicateur, pour quitter ses vanités ; et ainsi se moquait de sa mère en son cœur, et s’en riait avec ses compagnes : ne vous sera-t-il pas une grande joie, et une récréation toute divine, d’avoir si bien trompé le monde, et Satan qui en est le prince, que vous aurez été comme la rose entre les épines, ou comme les Iles Chélidoines, lesquelles ont une eau très douce, quoique entourée de tous côtés de l’eau salée de la mer : ou comme les mères perles qui dans la mer n’ouvrent jamais leurs coquilles, pour recevoir une goutte de son eau, mais bien de celle de la rosée du Ciel ; c’est triompher du monde, du Diable, et de la chair, que d’en faire ainsi. […] 1. de gagner en trompant, ou de tromper pour gagner, car outre qu’on est obligé à restituer tout ce qu’on a gagné en trompant, comme si l’on l’avait dérobé, selon l’opinion de tous les Casuistes : c’est offenser Dieu avoir seulement cette volonté, quoiqu’il arrive que l’on ne gagne rien : et quand on gagnerait un million d’or, on aura toujours plus perdu que gagné ; car la perte se fera du spirituel, et de l’éternel ; et le gain ne sera que d’une chose terrestre et temporelle.