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2. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Le caractere dominant des François, si je ne me trompe, est de saisir avec vivacité le ridicule d’une chose, & de négliger le fond de la chose. […] Notre devoir est donc d’empêcher les hommes d’être ridicules, & non point de les corriger de leurs vices… A merveille : voilà donc la Comédie dont le but est de corriger les hommes, uniquement occupée à leur enseigner à déguiser leurs vices, c’est-à-dire à se tromper les uns & les autres. […] Voilà si je ne me trompe une peinture de l’avarice plus plaisante qu’effrayante. […] Il croit en être trompé, il s’emporte contre elle, & sur le soupçon bien fondé de sa perfidie, il refuse l’offre de sa main. […] Cependant on ne peut pas dire que Tartuffe soit ridicule, il n’est que ce qu’il doit être, c’est-à-dire, hypocrite, traître, ingrat : toutes ses actions ne tendent qu’à tromper les hommes, toute sa conduite est un tissu d’horreurs.

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