Quand Corneille contredit Aristote sur l’Unité du lieu & du tems, il est certain que l’intérêt qu’il trouve à se justifier lui-même, est cause qu’il se trompe. Il ne se trompe pas toujours quand il le contredit sur les qualités de l’Action & sur la Catastrophe, mais il peut avoir raison sans qu’Aristote ait tort, parce qu’il parle de ces choses suivant le goût de notre Tragédie, & sur l’expérience de ses cinquante années : au lieu qu’Aristote en parloit suivant le goût de la Tragédie Grecque, & suivant l’expérience qu’avoient faite les Poëtes de son tems. […] La réponse d’un Devin qu’il interroge l’inquiette, & quand Jocaste pour le rassurer veut lui prouver que les Devins se trompent souvent, la preuve même qu’elle lui en veut donner redouble ses inquiétudes.