Abattu lui-même par la fatigue du corps auquel notre ame est si fort assujétie, plein des objets qui l’ont occupé ou plutôt enivré pendant ces violens & dangereux mouvemens, à quoi est-il propre lorsque, revenu de cette espece de délire, il veut s’occuper de quelque travail utile, & sur-tout de la piété ? […] Rien n’est plus opposé à leur sanctification, par le temps qu’on y emploie, par les péchés qui s’y commettent, & par les innombrables travaux serviles qu’exigent les préparatifs de ces fêtes criminelles. […] Les chansons dissolues qui s’y chantent, les libertés qui s’y prennent, le peu de modestie des filles, la licence des garçons, la durée des ces divertissemens, qui quelquefois sont prolongés les jours entiers & portés dans toutes les rues par des troupes d’insensés qui les courent en sautant, la rapidité, la grossiereté, la bizarerie de leurs mouvemens, l’accablante fatigue qu’ils se donnent, les maladies qui en sont la suite, l’ivresse & la fureur dont ils paroissent agités, & celles où ils tombent en effet dans des parties de débauche & de cabaret, qui en sont inséparables, les querelles, les batteries, les juremens, les blasphèmes, qui en sont l’accompagnement ordinaire, le dérangement de leurs affaires, la cessation de leur travail, les mécontentemens domestiques, &c. […] La négligence de tous ses devoirs, pour se préparer, pour assister à ces fêtes, l’impuissance où l’on se met de les remplir au retour, le dérangement des heures, des affaires, la nécessité d’un long repos pour se rétablir, le dégoût du travail, &c. la paresse ne produit-elle pas tous ces mauvais fruits ?