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55. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

L’épouse, dans l’intention du Créateur, devoit être une compagne fidèle qui partageât les biens & les maux, les devoirs & les travaux, qui consolât dans les peines, soulageât dans les infirmités, aidât dans les affaires ; ce n’est plus qu’un objet odieux, un tyran intraitable, une source de chagrin & d’ingratitude, dont on ne peut trop tôt se débarrasser, dont le trépas est une fête, qu’on craint de retrouver jusques dans les enfers. […] La femme forte se lève de grand matin, parcourt toute la maison, s’instruit de ce qui s’y passe, met ordre à tout, règle ses domestiques, instruit ses enfans, distribue à chacun ses besoins & son travail, ne perd pas un moment ; pleine de force & de courage, de vigilance & d’adresse, le travail ne l’effraie pas, elle est capable des plus grandes choses, prend la quenouille & le fuseau, file le lin & la laine, fait à propos ses provisions. […] Les leçons qu’elle entendra, les modelles qu’elle verra, les sentimens qu’elle prendra, en feront un chef-d’œuvre de vertu, de décence, de travail.

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