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55. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Les esprits-forts souffriroient-ils qu’on traitât leur philosophie de sottise ? […] Personne depuis Pradon & Racine n’avoit osé traiter un sujet tragique dans le goût de Phedre. […] Un sujet si scandaleux, une maniere de le traiter si scandaleuse, jusqu’à faire admirer & aimer une femme adultere & incestueuse, qui s’efforce de séduire le fils de son mari ; &, ne pouvant le rendre coupable, le fait périr par une calomnie atroce, comme la femme de Putiphar fit mettre en prison l’innocent Joseph, comme deux infâmes vieillards firent condamner à mort la chaste Susanne. […] Il n’en a pas du moins pour les pasteurs du second ordre, qu’il traite avec le dernier mépris, d’un ton d’importance & de supériorité qui fait rire, & figureroit dans l’Année merveilleuse. […] S’il portoit indiscretement son zele dans le tribunal de la Pénitence, où l’homme n’a point de voix (car il se confesse sans parler), jusqu’à traiter au nom de Dieu cette récréation si nécessaire & si légitime, de péché horrible, qu’il ne faut absoudre qu’après des épreuves préalables & éclatantes de repentir & de correction ?

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