Le cardinal de Retz traite ces assemblées de comédies ; & ce grand acteur, si bon juge, prétend dans ses Mémoires que, par les agrémens, qu’elle répandoit sur toutes ses paroles, même dans la langueur qui lui étoit naturelle, elle eût été la meilleure actrice du monde. […] La Duchesse poursuivie par les troupes du Roi, parcourt en fugitive cette belle province où elle avoit été Gouvernante, & traitée en Reine. […] Elle écrivoit aussi de tous côtés & entretenoit des correspondance avec les rebelles, avec l’Archiduc & les Ministres d’Espagne, pour continuer la guerre, faisoit des traités avec eux, composoit des manifestes, en innodoit la France, contre le Roi, la Reine, le Duc d’Orléans, le Cardinal Mazarin, se donnoit pour l’unique ressource de l’Etat, invitée par tous les ordres, & obligée en conscience d’entreprendre un dessein si grand, si glorieux ; elle déclare qu’elle veut bien traiter de la paix avec la Reine, mais non avec le Ministre, & qu’elle ne posera point les armes que les Princes ne soient libres, &c. […] La maison des Princes, l’Hôtel de Longueville ne désemplissoient point, la Duchesse revenue subitement y est traitée en Reine ; le Roi & la Reine relégués & comme emprisonnés au fond du Louvre, y vivent en chartreux, mais indignés à l’excès, embrassent les prisonniers, leur accordent tout, & prennent des mesures pour les arrêter. […] Elle descendit précipitamment du Carmel, & s’enfuit avec le Prince à Bordeaux, y souleva toute la ville, traita avec l’Espagne, au milieu des bals & des comédies, qui étoient les intermedes des négociations & de la dévotion.