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34. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Moliere a mis une infinité de traits caractéristiques, grand nombre d’autres sont faux, étrangers, outrés ; ce n’est que la moitié de la peinture, son but est manqué, l’hypocrite n’est qu’ébauché. […] Dans le Commentaire du sienr Bret sur les œuvres de Moliere, il y a des traits sur le Tartusse que je crois devoir rassembler pour les ajouter à ce que nous avons dit sur cette célèbre & très-mauvaise pièce, Louis XIV la défendit, il fut choqué de voir dans Tartuffe trop de ressemblance du vice & de la vertu. […] Les Journées amusantes de Madame de Gomez sont assez bien écrites, il y a de beaux sentimens, des traits d’histoire intéressans ; quoique d’une érudition affectée & trop recherchée pour une femme qui certainement n’a jamais lu la moitié des livres qu’elle cite, sur-tout pleins de galanterie, sans obscénité il est vrai, mais dangereuse pour des femmes, des jeunes gens, des cœurs frivoles qu’elle nourrit de cet aliment pernicieux. […] Voici quelques traits de cette prétendue lettre : Je suis surpris, Ovide, qu’un esprit aussi beau que le vôtre nous fasse des Dieux plus vicieux que des hommes ; sur-tout ne deviez-vous pas ménager vos propres sentimens ? […] Eile y a semé quelques traits de morale, d’histoire, de politique très-superficiels : il est vrai, mais qui supposent quelque lecture, & qui sont comme le passeport de l’inépuisable coquetterie qui en fait le tissu, & qui n’est propre qu’à allumer les passions, à justifier & faire goûter la galanterie & repaître l’imagination d’objets dangereux, ou un mot à corrompre le cœur.

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