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19. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

On fait tout-à coup éclore dans son camp, une jeune Indienne qu’il n’a jamais vue ; le voilà subitement amoureux, au milieu du tulmute du camp, des préparatifs du combat, des dangers de la defaite ; un trait des beaux yeux de l’Indienne, perce son foible cœur, il quitte tout pour lui conter des fadeurs. […] Cet absurde paradoxe n’est avancé que pour lancer un trait malin contre les Evêques, en disant que leurs mœurs sont déréglées : trait aussi faux qu’indécent. […] Mais il y a quelques honêtes gens parmi les comédiens, & quelques réligieux vicieux : cela peut être ; mais si quelques traits de vertu doivent couvrir au théatre, un tas de désordres, une foule de vertus ne devroient elles pas couvrir dans la Réligion, quelques vices, aussi rares que les vertus des comédiens ? […] Les nuances des couleurs, les traits de la phisionomie, l’accent, les allures, le langage mettent entr’eux quelque différence. […] Ce seul trait suffiroit pour faire apprécier le tréros, ses piéces, l’éloge & ses panégyristes, & rendre justice aux uns & aux autres.

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