4 Mars 1772, l’auteur des affiches, qui n’est pas fort entousiasmé de Voltaire, dit, en parlant de la derniere piéce, les Pelopides ou Atrée & Theste, sujet heureusement traité par Crebillon, & mieux que par Voltaire ; cet auteur pour faire sentir la foiblesse de Voltaire, dans les scénes les plus pathétiques, dit ingénieusement, ah que vingt ans plutôt Voltaire auroit peint admirablement cette situation unique ! […] Parmi une foule de causes de la décadence du goût sur le théatre, dont le détail forme une espece de traité de l’art dramatique, l’auteur en rapporte deux qui régardent les comédiens. 1°. […] Tous les traités de l’art dramatique doivent se borner à déveloper ce monde de merveilles, Pourceaugnac & George Dandin sont les colonnes d’Hercule. […] C’est ainsi que se forment les Prédicateurs en lisant les analises de Bourdaloue ; les Avocats en formant des abrégés de Ciceron, de Cochin, & dans toutes les siences, par des tables méthodiques, des traités : ainsi se formoient les auteurs dramatiques, par des extraits, des plans, des piéces de Corneille, de Racine, de Moliere, en menant comme par la main, dans la route où ces auteurs ont marché. […] Arnaud, dans sa préface sur Fayel, tragédie horrible, qu’il vient de donner, avance deux paradoxes, l’un sur le genre terrible qu’il dit être le seul vraiment tragique ; l’autre sur la division des drames en cinq actes, qu’il traite de puerilité : il a fait comme Fontenelle à la tête de ses Eglogues, & la Mothe à la tête de ses Fables, & la plupart des écrivains, qui, pour faire l’éloge de leurs ouvrages, commencent par donner des regles sur le genre qu’ils ont traité : ces regles auxquelles leurs écrits ne peuvent manquer d’être conformes, puisqu’elles ont été formées d’après eux-mêmes, sont toutes prises de leur goût particulier, & du caractère du livre qu’elles justifient.