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252. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Ce qui me paraît blâmable dans ce genre, ou plutôt dans la manière dont l’ont traité nos Poètes, est le mélange bizarre qu’ils y ont presque toujours fait du pathétique et du plaisant ; deux sentiments si tranchants et si disparates ne sont pas faits pour être voisins ; et quoiqu’il y ait dans la vie quelques circonstances bizarres où l’on rit et où l’on pleure à la fois, je demande si toutes les circonstances de la vie sont propres à être représentées sur le Théâtre, et si le sentiment trouble et mal décidé qui résulte de cet alliage des riresq avec les pleurs, est préférable au plaisir seul de pleurer, ou même au plaisir seul de rire ? […] C’est-à-dire, Monsieur, que vous nous avez traité comme des animaux expirants, qu’on achève dans leurs maladies, de peur de les voir trop longtemps souffrir.

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