Les personnages des Pièces jouées sur le nouveau Théâtre, entrent & sortent au gré de leurs caprices ; nous avons vû même quelques-uns de ses Auteurs démentir les belles choses qu’ils avançaient dans leurs ouvrages : il me semble, par éxemple, que la marche des Scènes de la Bergère des Alpes, est répréhensible, elle contredit tout ce que j’ai écrit dans ce Chapitre ; tandis que l’Auteur de ce Drame nous a donné des leçons sur la Comédie & la Tragédie, à peu-près pareilles aux sentimens que j’ose proposer quand le nouveau spectacle m’en offre l’occasion. Sans se laisser séduire par un éxemple aussi frappant, je voudrais qu’on liat les Scènes de notre Opéra avec autant d’art que celles des Tragédies. […] Les Latins n’étaient pas plus éxacts ; les Tragédies de Sénéque en sont une preuve convainquante, ainsi que la plus-part des Comédies de Térence, telles que l’Eunuque, l’Andrienne, & sur-tout les Adelphes. […] Buchanan, Heinsius, si amateurs des règles, ont souvent négligé la liaison des Scènes dans les singulieres Tragédies latines qu’ils ont composées, qu’on trouvera assez ridicules de nos jours33. […] Le dernier Acte de la Tragédie Grecque, ne roule que sur les honneurs funèbres qu’on prétend refuse au corps d’Ajax ; & le cinquième Acte de la Pièce Française, ne renferme qu’un plaidoyer pour la défense d’Horace, que les Romains veulent punir du meurtre de sa Sœur, quoiqu’il ait vaincu leurs énnemis : il est aisé de sentir que ces deux célèbres Auteurs se sont furieusement éloignés du sujet principal.