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38. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe. […] On se trompe si on veut parler de la tragédie : car ce qui nous reste des anciens païens en ce genre-là, (j’en rougis pour les chrétiens) est si fort au-dessus de nous en gravité et en sagesse, que notre théâtre n’en a pu souffrir la simplicité. […] La tragédie a donc tort, et donne au genre humain de mauvais exemples lorsqu’elle introduit les hommes et même les héros ou affligés ou en colère, pour des biens ou des maux aussi vains que sont ceux de cette vie ; n’y ayant rien, poursuit-il, qui doive véritablement toucher les âmes dont la nature est immortelle, que ce qui les regarde dans tous leurs états, c’est-à-dire, dans tous les siècles qu’elles ont à parcourir. Voilà ce que dit celui qui n’avait pas ouï les saintes promesses de la vie future, et ne connaissait les biens éternels que par des soupçons ou par des idées confuses : et néanmoins il ne souffre pas que la tragédie fasse paraître les hommes « ou heureux ou malheureux » par des biens ou des maux sensibles : « Tout cela, dit-il, n’est que corruption »De Rep. lib. 10.

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