Car enfin, puisque tout le monde sait que l’Esprit du Christianisme n’agit que pour éteindre les passions, et que l’esprit du Théâtre ne travaille qu’à les allumer ; quand il arrive que quelqu’un dit un peu rudement que ces deux Esprits sont contraires, Il est certain que le meilleur pour les Poètes c’est de ne point répondre afin qu’on ne réplique pas, et de ne point nier, afin qu’on ne prouve pas plus fortement ce qu’on avait seulement proposé. […] Tout le monde sait que Monsieur Le Maistre a fait des plaidoyers que les Jurisconsultes admirent, où l’Eloquence défend la Justice, où l’Ecriture instruit, où les Pères prononcent, où les Conciles décident ; Et vous comparez ces plaidoyers aux Romans de Desmarets qu’on ne peut lire sans horreur, où les passions sont toutes nues, et où les vices paraissent effrontément et sans pudeur ! […] Il faut pourtant que vous acheviez cette comparaison si odieuse à tout le monde ; et parce que Desmarets avoue des crimes qu’il ne peut nier, vous en accusez aussi Monsieur Le Maistre, vous abusez indignement de son humilité qui lui a fait dire qu’il avait été dans le dérèglement, et vous ne prenez pas garde que ce qu’il appelle dérèglement, c’est ce que vous appelez souverain bien, c’est cet honneur du siècle que vous cherchez avec tant de passion et qu’il a fui avec tant de force. […] Je vois bien que vous voulez attraper ce genre d’écrire, mais cet enjouement n’est point du tout votre caractère. » Je ne vous réponds pas ce que tout le monde sait, que les sujets sont bien différents et qu’un enjouement perpétuel serait peut-être un aussi grand défaut dans les Imaginaires, comme il est une grande grâce dans les Provinciales. […] et pourquoi n’avez-vous pas voulu juger des actions et des livres de Desmarets qui sont visibles à tout le monde ?