Il serait bon de contenir aussi dans des bornes plus resserrées les donneurs indiscrets de leçons de précaution, qui vont chercher dans les espaces imaginaires des subtilités, des manœuvres, des vices, des perfidies, des crimes sans noms, sans exemples, ou très-rares, inconnus à la multitude, pour avertir tout le monde dramatiquement qu’il ne faut pas les commettre, ou s’en laisser atteindre ; ce qui n’empêche pas, ou plutôt, ce qui fait, comme je l’ai dit, que les méchants en profitent pour désoler les bons par des moyens nouveaux que les uns n’auraient jamais trouvés, et dont les autres n’auraient jamais eu rien à craindre sans cette fatale précaution. […] Mais puisque ces vampires ne sont pas chimériques, qu’ils existent trop réellement, que tout le monde est convaincu de leur brigandage, et qu’une multitude de faibles victimes sans argent, sans interprètes, dont les plaintes isolées ne sont pas entendues, en peut fournir des preuves incontestables, pourquoi des écrivains sensibles, amis de l’ordre et protecteurs énergiques des opprimés, n’en pourraient-ils prendre fait et cause ?