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26. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Ils tournèrent en amusement pour le peuple ce qui ne s’était fait d’abord que pour l’instruire et le toucher. […] Pourquoi donc nous priver d’une infinité de traits amusants que peuvent fournir ces sortes de pièces, d’autant plus piquants, que la plupart des hommes trouvent un goût singulier dans ce qui touche la religion, et que la religion en est comme la sauvegarde ? […] Quel auteur, quel acteur, quelle actrice donnent des pièces pieuses pour instruire, toucher, sanctifier les hommes, et procurer la gloire de Dieu ? […] Tertullien rapporte qu’une femme Chrétienne étant allée à la comédie, y fut possédée du Démon, et que le Démon répondit, quand on l’exorcisait : « J’ai eu droit de m’en saisir, je l’ai trouvée dans ma maison. » C’est dans l’Eglise que la parole de Dieu s’annonce avec fruit, touche et nourrit les âmes, et non pas aux coulisses, aux foyers, à l’orchestre, dans les décorations, les danses, les intrigues. […] Vous ne me toucherez, disait Horace, qu’autant que vous serez le premier touché ; pleurez, si vous voulez me faire verser des larmes : « Si vis me flere, dolendum est prius ipse tibi. » « Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable, Il doit régner partout, et même dans la fable.

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