Nos Rois qui surpassent en grandeur et en piété tous les Princes de la terre, se sont montrés très sévères en ces rencontres, et ils ont armé leur justice et leur zèle autant de fois qu’il s’est agi de soutenir l’honneur des Autels, et d’en venger la profanation. […] Le Maître et le Valet jouent la Divinité différemment : le Maître attaque avec audace, et le Valet défend avec faiblesse : le Maître se moque du Ciel, et le Valet se rit du foudre qui le rend redoutable : le Maître porte son insolence jusqu’au Trône de Dieu, et le Valet donne du nez en terre, et devient camus avec son raisonnement : le Maître ne croit rien, et le Valet ne croit que le Moine Bouru : et Molière ne peut parer au juste reproche qu’on lui peut faire d’avoir mis la défense de la Religion dans la bouche d’un Valet impudent, d’avoir exposé la Foi à la risée publique, et donné à tous ses Auditeurs des Idées du Libertinage et de l’Athéisme, sans avoir eu soin d’en effacer les impressions. […] Molière devrait rentrer en lui-même, et considérer qu’il est très dangereux de se jouer à Dieu, que l’impiété ne demeure jamais impunie, et que si elle échappe quelquefois aux feux de la Terre, elle ne peut éviter ceux du Ciel ; qu’un abîme attire un autre abîme, et que les Foudres de la Justice divine ne ressemblent pas à ceux du Théâtre : ou pour le moins s’il a perdu tout respect pour le Ciel (ce que pieusement je ne veux pas croire) il ne soit pas abusé de la bonté d’un grand Prince, ni de la piété d’une Reine si Religieuse, à qui il est à charge, et dont il fait gloire de choquer les sentimentsq.