Voltaire n’a-t-il pas raison de les appeller l’espece la plus sotte, qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre ? […] Qu’on parcoure les Registres de nos Parlemens, sur-tout les Arrêts imprimés, de la Tournelle de Paris, on y verra que des forfaits inconnus aux premiers Législateurs, que des meurtres horribles qui auraient soulevé des Nations entieres, sont aujourd’hui fréquens dans le cœur du Royaume le mieux policé de la terre. […] Ne souffrez pas qu’il y ait parmi vous un seul homme oisif ; rendez à la terre les bras qu’elle vous redemande… Si vous ne remédiez promptement à ces excès dont vous frémissez, c’est en vain que vous vanterez la sévérité de vos Loix, & votre Police admirable ; le mal ne fera qu’empirer de jour en jour : en effet, en tolérant la mauvaise éducation que l’on donne à la jeunesse dans les Tripots du Boulevard, en souffrant que ses mœurs se corrompent sous nos yeux, & en punissant les crimes qu’elle commet dans un âge plus avancé, crimes que nous aurions dû prévoir & prévenir par la suppression de tous les objets dangereux ; dites-moi si ce n’est pas élever, au milieu de nous, des scélérats, pour avoir le plaisir de les condamner, un jour, au supplice ? […] : Tel individu, qui paraît jetté comme au hasard sur la terre, pour y végéter dans la classe la plus obscure du Peuple, peut, si on ne lui donne que des idées saines, mâles, dignes, en un mot, de l’excellence de son être, faire un jour un grand homme, un homme vraiment utile à son Pays ; ce qui, certes, n’arrivera jamais, si nous continuons de penser qu’il faut amuser les oisifs & les bas Peuple, par des farces & des pantomimes ordurieres. […] Là, d’une voix touchante & ferme, persuader la modération à ceux qui commandent, la fidélité à ceux qui obéissent, à tous cette bienveillance générale, sans laquelle il n’y aura jamais de bonheur sur la terre.