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96. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Et qu’on ne croie pas qu’il s’en tint là ; en même temps qu’il faisait des comédies, il se piquait de faire de beaux livres de dévotion. […] Corneille m’attaque en Soldat ou en Capitaine, il verra que je sais me défendre de bonne grâce. » Corneille, qui n’était brave qu’en vers, répond moins en Héros qu’en Poète, et au lieu de tenir les discours qu’il met dans la bouche de Rodrigue et des autres braves de sa pièce, il lui dit modestement : « Je ne doute ni de votre noblesse ni de votre vaillance, mais il n’est pas question de savoir de combien vous êtes plus noble et plus vaillant que moi, pour juger si le Cid vaut mieux que vos pièces ; je ne suis point homme d’éclaircissement, vous êtes en sûreté de ce côté-là, etc. » Le Cardinal triomphait de cette guerre littéraire, dont il était le secret mobile ; il animait les combattants, et se déclarait pour Scudery contre Corneille. […] Celui de la religion, de l’Europe, de l’Etat, tient-il à la gloire de Rodrigue ? Oui, tout y tient, « quod volumus sanctum est ». […] Cet examen dura cinq mois, on tint une infinité d’assemblées ordinaires et extraordinaires, chaque Commissaire donna ses mémoires, on en fit un corps qui fut présenté au Cardinal.

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