Ainsi la flûte & le flageolet avoient leur langage, c’est-à-dire sans doute, qu’ils y avoient des airs, des mouvemens qui exprimoient la joie, des airs tendres & languissans, des airs tristes & lugubres, ce qui se trouve dans tous les pays, parce que la nature l’enseigne, aussi bien que les gestes, les regards, les inflexions de la voix Les filles y étoient si accoutumées, qu’elles entendoient leurs amans, & leur rendoient réponse à la premiere entrevue, & souvent se rendoient sur le champ au rendez-vous, à l’invitation de la savante musique de leur Orphée. […] Il en résulte encore que le danger est extrême, parce qu’un penchant naturel & violent dans la jeunesse se joint à la facilité de se satisfaire par la dépravation des femmes dont un grand nombre corrompu, non-seulement se rend sans peine, mais tend des pieges à dessein, agace, poursuit, fait tomber dans le crime, & s’en fait gloire. […] C’est le mot à la mode, pour mettre en jeu la sensibilité par les emportemens amoureux & les tendres fureurs des énergumenes comiques . […] Il est aussi naturel de s’attendrit sur les malheurs, que de s’égayer sur les défauts (non, on est plus malin que tendre.) […] C’est le caractere du cœur humain : méchant, frivole, peu compatissant, peu tendre, qui ne pense jamais qu’à soi, ne songe qu’à se rejouir, & ne vient au théatre que dans ces vues.