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39. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

J’aime à voir plaindre l’infortune d’un grand homme malheureux ; j’aime qu’il s’attire de la compassion, et qu’il se rende quelquefois maître de nos larmes : mais je veux que ces larmes tendres et généreuses regardent ensemble ses malheurs et ses vertus, et qu’avec le triste sentiment de la pitié nous ayons celui d’une admiration animée, qui fasse naître en notre âme comme un amoureux désir de l’imiter. […] Nous voulons un amour quelquefois naïf, quelquefois tendre, quelquefois douloureux ; sans prendre garde à ce qui désire de la naïveté, de la tendresse, de la douleur : et cela vient de ce que voulant partout de l’amour, nous cherchons de la diversité dans les manières, n’en mettant presque jamais dans les passions. […] C’est qu’on doit rechercher à la Tragédie, devant toutes choses, une grandeur d’âme bien exprimée, qui excite en nous une tendre admiration.

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