Que si la sainte Escriture n’a pas le pouuoir de desabuser vn Chrestiẽ, qu’au moins la honte d’auoir esté si long temps abusé le fasse reconnaistre ; & qu’il ne prophane plus l’Escriture, parce qu’elle est prudente ; elle s’accommode comme vne mere bien auisée à nos infirmitez ; elle donne quelquefois des commãdemens, quelquefois de simples conseils : & souuent ce qu’elle veut défendre est mieux défendu par son silence que par sa voix, quand sa modestie le veut ainsi ; si la verité y paroissoit tousiours nüe, elle auroit changé de nature, ayãt ses nourrissons en si mauuais estime. […] Par succession de temps, & à la poursuite du peuple superstitieux qui estoit cruellement pressé de la famine, on donna naissance aux autres ieux comiques, qui furent dediés les vns apres les autres à la memoire de Baccus, de Ceres, des Morts, des Idoles, des Diables. […] Le theatre est en mesme temps vne boucherie, & vn lieu d’ordures ; & l’on esgorge des hommes en suitte des jeux & des passe-temps pour apprendre aux spectateurs, que le fruict qu’ils remporteront de céte veuë sera glorieux, s’ils y ont apris à estre tout ensemble voluptueüx & sanguinaires. […] Sans mentir céte perte de temps est bien honteuse, & toutes ces vaines occupatiõs ne ressentent pas beaucoup son honneste homme. […] Chacun de ces badins veut paraistre habil-homme, & ce seroit perdre le temps de mettre au iour toutes leurs façons de faire.