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15. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Le Temple de Gnide, ouvrage très-dangereux, où toutes les folies de la passion sont décrites par des idées les plus voluptueuses, avec une légèreté & une négligence de style, qui ne respire que la molesse ; cet ouvrage n’est point achevé, c’est une galerie de tableaux passionnés, tracés par une imagination, qui s’égare, & voltige sur les objets de l’amour ; c’est une piéce à tiroir, un tissu de scénes que la Réligion, la vertu, la décence défendent également de garder & de lire, & défendoient au Président de Montesquieu de mettre au jour, aussi-bien que les Lettres Persannes, dont il n’approche pas pour le mérite littéraire. […] Il disoit plaisemment : Il n’y a que des têtes bien frisées & bien poudrées qui connoissent tout le mérite du temple de Gnide. […] Un des crimes d’Hérodes Ascalonite, qui fit le plus de mauvais effet sur les Juifs, ce fut d’avoir répandu, & jusques dans le temple de Jérusalem ; les images des Dieux du Paganisme, ce qui étoit en même-tems un écueil pour l’innocence, & une invitation à l’idolâtrie. […] Hérode craignant l’indignation du peuple, crut l’appaiser en ôtant du temple ces sacrileges ornements ; mais il laissa sur la porte du Temple les aigles Romaines qu’il y avoit arborées, pour marquer sa soumission à l’Empire.

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