Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celle des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle : il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur pour y réussir ; excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une piéce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscènités, dont les maximes tendent toujours au vice & à la corruption, dont les sentimens ne respirent que langueur & mollesse, & où tout cela est animé par des airs qui étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir & à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, ou pour la façon de les peindre, ou en diminuer l’horreur : il suffit de considérer, avec tous les Docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisans, d’immodesties criantes, de regards indécens, de discours impies ; animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantemens diaboliques.