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17. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

le Bateux, qu’autant qu’il imite la belle nature, le tableau des saletés humaines, fût-il parfait, est dégoutant pour un bon cœur chrétien ; le tableau des crimes est odieux & révoltant, au lieu d’en rire, il faut pleurer sur le malheur de ses semblables. […] Ces absurdités défigurent absolument un tableau où il y a d’ailleurs bien des beautés. […] Aussi piquant qu’Aristophane, & aussi peu chaste ; aussi ingénieux que Plaute, & aussi bouffon ; connoissant les mœurs aussi bien que Térence, aussi rempli d’intrigues amoureuses, & aussi licencieux dans les tableaux qu’il en fait : Moliere valoit-il mieux par le naturel, ou par l’art ? […] Le théatre qui n’est que le tableau des actions des hommes est semblable à la peinture ; l’un & l’autre a divers objets qui en font la diversité. Les païsages, les marines, les foires, les grotesques, les amours, les fables, les histoires, ne sont-ils pas de vrais tableaux quoique de divers genres, & le fruit de divers talents ?

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