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69. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre I. Du Théâtre des Anciens. » pp. 2-24

Cette haute idée d’eux-mêmes, échauffoit leur esprit ; ils n’avoient pas, comme ceux qui les ont suivis, de précautions à prendre pour ne pas ressembler, n’y d’efforts à faire pour trouver dans des sujets rebattus, des faces nouvelles, & capables de donner à leurs ouvrages, cet air de fraîcheur qu’on exige même de nos jours. Il n’y a point d’Ecrivain qui, en traitant des matieres neuves, n’ait senti plus de feu & plus de facilité que dans des sujets pris avant eux. […] L’imitation est toujours une contrainte, mais c’est l’esclavage le plus dur, pour deux Auteurs qui traitent le même sujet. […] La musique qui produisoit de si grands effets sur le Théâtre Grec, fut fort négligée des Latins, qui lui substituerent la déclamation, comme plus naturelle & plus propre que le chant, selon eux, à ces représentations ; ils ne l’employerent que comme nous, dans les intermédes, sans la lier au sujet. […] L’esprit, par une espèce d’instinct, s’attache aux sujets dont la grandeur & l’élévation sont le plus capables de le soutenir.

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