Croiroit-on que Corneille, Moliere, La Fontaine, Lulli sans compter Guerin, enfin l’abbé Aubert se soient exercés sur ce sujet ridicule, chacun à sa maniere ? […] Cependant le conte d’Apulée abandonné aux savans, n’étoit guére lu de personne, lorsqu’il plût à Moliere de l’aller chercher pour en faire le sujet d’une fête galante, que donnoit Louis XIV, à Gacon de le traduire, & à La Fontaine de le broder à sa maniere : tout cela pourtant ne lui donna de vogue que quatre jours, la piéce n’étoit plus jouée. […] Ces images se trouvent dans l’Ecriture, la femme prostituée, dans l’Apocalypse, enivre comme Circé, les Rois & les sujets, de sa coupe empoisonnée. […] On n’a pas négligé ce beau sujet, & c’est une Dame, Madame Xaintonge qui en a fait un opéra, elle a défiguré l’avanture, & en a fait disparoître la morale, & l’a rendue plus scandaleuse, en introduisant deux autres amours, d’une Nymphe avec un guerrier, & d’Ulysse lui-même avec une Nymphe ; il n’y a jamais assez d’amour, il y en a deux ou trois dans la plupart des piéces.