Vn fameux Orateur du siecle passé s’escria vn jour sur le sujet des Eclogues de Virgile, Plevsta Diev qv’il evst ietté Tityre ov il vovloit qv’on iettast Ænée ; Et le plus celebre de nos derniers Poëtes m’a auoüé, qu’il auoit cherché trois jours entiers dans les Poëmes de Terence ce qui m’y plaisoit si fort, sans auoir pû le trouuer. […] Ils n’ignoroient pas ces bons Romains, la nature & les proprietez de chaque chose : Et comme ils estoient trop intelligens en l’art de la guerre, pour bastir des Citadelles dans les vallons, ils auoient trop de connoissance des ouurages de l’esprit, pour employer le haut stile & les éuenemens illustres dans les sujets populaires. […] On peut tirer auantage, n’en doutez pas, de certains defaux bien ménagez ; Et pourueu qu’il y ait fondement de beauté en quelque sujet, la crasse, les haillons, la tristesse, l’indifference, les froideurs mesmes & les desdains donnent de l’amour. […] Si vn de leurs Amoureux se plaint du mauuais traittement qu’il reçoit, & de la preference de son riual aupres de sa Dame, il prend sujet de là de parler de la Predestination & de la Grace ; des Esleus & des Reprouuez. […] La Doctrine de laquelle nous parlons, est inseparablement vnie à la Fable ; ne passe point du particulier au general ; entre dans l’esprit, sans dire son nom, & sans frapper à la porte : La leur au contraire se destache du corps de la Fable ; nâge au dessus du sujet, & ne se mesle point auec luy ; s’adresse au Peuple & aux Spectateurs ; & seroit bien faschée de n’estre pas reconnuë à l’instant mesme qu’elle se presente.