/ 495
42. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

Comme c'est la religion de Jésus-Christ qui la guide, elle suit des règles infaillibles, et pourvu qu'elle les applique avec justesse et avec fidélité, elle ne se trompe point dans ses jugements. […] Elle n'est donc que pour ces Chrétiens qui partagent en quelque façon l'Evangile, en reconnaissant ses mystères, parce qu'ils n'en sont pas incommodés ; et ne reconnaissant pas ses maximes (au moins dans la pratique) parce qu'elles condamnent leur vie et leur libertinage; comme ils veulent s'abandonner aux désirs de leur cœur, ils corrompent les plus solides vérités, ils cherchent à trouver innocent ce qu'ils ne veulent pas cesser de faire, ils obscurcissent leurs esprits par des ténèbres volontaires, pour suivre sans remords la coutume qu'ils ne veulent pas surmonter : et la peur qu'ils ont de découvrir des vérités qui les empêcheraient de pécher en repos, fait qu'ils demeurent dans des erreurs communes, sans vouloir examiner si ce sont en effet des erreurs. […] Pour la Tragi-comédie, elle a été inconnue aux Grecs; et c'est aux Romains et à ceux qui les ont suivis, qu'il en faut attribuer et l'invention et le progrès. […] N'est-ce pas ce sentiment qu'Alcionée mourant par sa propre main, dit à Lidie : « Vous m'avez commandé de vaincre, et j'ai vaincu, Vous m'avez commandé de vivre et j'ai vécu : Aujourd'hui vos rigueurs vous demandent ma vie, Mon bras aveuglément l'accorde à votre envie, Heureux et satisfait dans mes adversités, D'avoir jusqu'au tombeau suivi vos volontés. » Rodrigue ne parle-t-il pas de même à Chimène, lorsqu'il va combattre Dom Sanche. […] Ils n'ont pas accoutumé d'examiner les choses par les règles que j'ai suivies.

/ 495