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109. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Si les theatres n’attentoient qu’à la vie, s’ils ne menaçoient que la fortune ; si ces pestes, si ces homicides n’attaquoient que les corps ; si ces incendiaires ne s’attachoient qu’aux édifices, les Magistrats ne le pourroient pas souffrir en bonne conscience, c’est la suite de la premiere preuve, & c’est la seconde de mes raisons. […] Les personnes de neant ne pechent d’ordinaire que pour elles-mesmes, & que par elles-mesmes ; leurs pechez n’ont pas souvent de grandes suites : les Grands pechent & pour eux, & par eux ; les Grands pechent pour les autres, & par les autres. […] La suite de la Piece le porte à la vertu & au vice par des vers & par des gestes semblables aux precedens : ces mouvemens ne l’attachent ny à la vertu, ny au vice ; & il n’auroit pas moins de peine à se reconnoistre luy-mesme, s’il avoit le loisir de s’examiner, qu’à bien juger de la qualité de la Piece. […] Il sçavoit bien que plusieurs de ces mouvemens n’attendent pas les ordres de nostre liberté, & que par consequent ils ne sont pas des pechez, quand ils panchent du côté du crime, comme ils ne sont pas des vertus, quand ils panchent du côté de l’innocence, si la volonté ne se laisse aller où ils l’attirent, ou si elles n’y vont à sa suite, & qu’elle ne les y entraîne. […] Salvien nomme ces assemblées & leurs suites l’ouvrage du Diable, parce que ce n’est qu’erreur, que peché, que corruption, & que malheur.

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