Cette raison suffirait, indépendamment des autres, pour prouver l’utilité des Spectacles, c’est un objet important, noble, relevé, digne de toute l’attention du Gouvernement, de chercher à satisfaire le peuple, en lui procurant des délassemens honnêtes. […] Un Anglais, en se noyant de punch & de thé, s’amuse à règler l’Etat, fronde le Ministère, & souscrit pour Wilkes ; le Germain oublie tout à force de rasades ; le Français existe par les femmes : si quelquefois elles l’amolissent, plus souvent encore un coup-d’œil, un sourire de leur part ont suffi pour faire des héros. […] Si de bonnes Loix suffisent pour réprimer les abus ? […] En eux-mêmes, les Spectacles sont bons, louables, utiles : tout ce qu’on a dit jusqu’à présent tend à le prouver : & si cela ne suffit pas, le Sage de Genève, lui-même, dans une Note tirée de l’Instruction Chrétienne, convient que non-seulement les Spectacles en général sont bons (ce qui ne pouvait être révoqué en doute) ; mais que nos Pièces de Théâtre, « en tant qu’on y trouve une peinture des caractères & des actions des hommes, peuvent donner des leçons utiles & agréables pour toutes les conditions ». […] Pour que des loix soient efficaces, il ne suffit pas qu’on les ait rendues exécutables, & qu’elles partent d’une puissance aussi légitime qu’absolue : il faut encore, qu’elles trouvent des sujets disposés à les aimer.