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23. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Je réponds que, quand cela serait, la plupart des actions tragiques, n’étant que de pures fables, des événements qu’on sait être de l’invention du Poète, ne font pas une grande impression sur les Spectateurs […]. »bq Il ne fallait pas dire « sur les Spectateurs » mais dire « sur moi », et ne pas conclure de votre insensibilité singulière que tous les Spectateurs soient insensibles : votre allégation d’ailleurs est fausse. […] « Atrée et Mahomet jouissent de leurs forfaits, s’en vantent, » et vous ne voyez pas « de quoi peut profiter aux spectateurs, une Pièce où ce vers, "Et je jouis enfin du prix de mes forfaits." […] Un des motifs qui fait que les Comédiens jouent rarement cette pièce c’est qu’ils savent que la plupart des Spectateurs sont révoltés si fort de l’horrible cruauté d’Atrée, qu’ils ne peuvent que rarement soutenir une seconde représentation de cette pièce. […] Est-ce du Catilina de M. de Voltaire que vous avez voulu dire que par son courage, son éloquence et sa fermeté, il captive l’estime de tous les spectateurs ? […] Je veux bien supposer que les Spectateurs, renvoyés avec cette belle maxime, n’en concluront pas que le crime a donc un prix de plaisir et de jouissance ; mais je demande enfin de quoi leur aura profité la Pièce où cette maxime est mise en exemple ?

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