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14. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33

La comédie considérée dans ses Spectateurs. […] Il va bien au-de-là : il passe bientôt dans les Spectateurs. […] N’est-ce donc rien pour les Spectateurs que de former ces assemblées où se réunit tout ce qu’il y a de plus léger, de plus mondain, de plus oisif, de plus irrégulier dans l’un & l’autre séxe ; ces assemblées où dominent le luxe des modes, la vanité de la parure, le désir de voir & d’être vû ; ces assemblées enfin où le vice paroît à visage découvert, où la vertu n’entre pas sans scrupule & sans péril, & d’où elle ne sort point sans atteinte ! […] Les Spectateurs sont-ils innocens, lorsqu’ils ferment les oreilles au précepte du Sage qui leur prescrit de fuir les femmes dont la parure porte à la licence, qui enlévent les cœurs des jeunes gens, qui les engagent par la douceur de leurs lèvres, par leur chant, par leur habileté à peindre les passions, à se jetter dans leurs lacets , comme un oiseau dans les filets qu’on lui rend ? […] Il y a donc dans le cœur des Spectateurs un Théâtre secret, où chacun est Acteur & joue sa propre passion ; & c’est ce qui donne le vif & le piquant au Spectacle ; c’est ce qui y porte avec tant d’ardeur.

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