Qu’y a-t-il de plus contraire à la Loi qui nous fait adorer un Jésus-Christ crucifié, et qui veut que nous élevions ses anéantissements au-dessus de toute la gloire du monde, que des représentations où la vanité triomphe avec un applaudissement général de tous les spectateurs ? […] Et l’effet qu’elle produit ordinairement dans l’esprit des spectateurs. […] Mais que ces Histoires soient feintes ou véritables, il est constant que les Auteurs de ces pièces ne cherchent pas, comme les Historiographes, à faire connaître la vérité, mais ils ne songent qu’à mettre devant les yeux des spectateurs ce qui peut plus agréablement occuper leur esprit, flatter plus doucement leurs sens, et émouvoir plus fortement leurs passions, et ils étudient tellement à cela, qu’ils n’épargnent rien de ce qui peut y contribuer, préférant le plus souvent le mensonge à la vérité. […] Voilà les fruits que remportent les Spectateurs : ils y reçoivent des leçons de péché : Ils l’y trouvent avec des attraits qui le fait aimer : Ils y apprennent des adresses pour le commettre : ils y entrent chastes, et en sortent impudiques :·et souvent ce qu’ils y voient et ce qu’ils y entendent leur fait commettre au même moment le péché dans le cœur, auparavant que le corps en soit souillé.