Le Théâtre dans son institution est un Badinage Académique susceptible de gloire pour l’Acteur, & capable d’amusement pour le Spectateur. […] Le Spectateur doit être entre les mains d’un Acteur intelligent, une cire molle susceptible de toutes les impressions : parce que c’est des mouvemens qui l’excite dans ce cœur froid & tranquille, que le tableau tire son état & son prix. […] Chef-d’œuvre d’ailleurs d’autant plus admirable, que pour éclater dans le cœur des Spectateurs, il n’est rien qui soit capable de l’aider ; le moindre avantage au contraire lui nuiroit. Ce sont de ces vraies beautés qui gagnent à trouver chez le Spectateur la sérénité la plus pure : & peut-il y avoir une preuve plus précise d’intégrité sur cela, que l’applaudissement unanime d’un Public universel. […] Est-il un Spectateur assez absurde pour aller prendre des incidens pour des principes, des traits détachés pour des maximes, des pensées folles pour des leçons, un accessoire ridicule pour un principal important ?