[Discours sur les spectacles] Si, comme dans les siècles de barbarie du moyen âge, et lorsque les prêtres eux-mêmes étaient comédiens, le spectacle se composait de représentations obscènes toujours propres à fomenter le vice et à faire rougir la vertu, nous ne viendrions point dans la chaire de vérité le défendre contre ses détracteurs. […] puisque le spectacle n’est qu’une critique de ce qui est mal, une censure des ridicules des hommes, qui vous autorise donc à en anathématiser les artistes ? […] M. le vicaire de telle paroisse ne refuse-t-il pas l’absolution à sa pénitente qui est allée au spectacle, quand M. son curé la lui donne ? […] Voilà pourquoi vous permettez au roi et à ses courtisans, ce que vous refusez à tout autre citoyen ; s’accuse-t-on au tribunal de la pénitence d’avoir été au spectacle ? […] Le clergé de France a eu près d’un siècle la direction du théâtre, et jamais le spectacle ne fut plus mauvais ni plus dangereux pour les mœurs que sous sa direction.