Or on demande s’il est bon que ce genre de spectacle ait, dans un Etat bien policé, des théâtres réguliers et décents. […] On va, dit-on, se délasser à la farce, un spectacle raisonnable applique et fatigue l’esprit ; la farce amuse, fait rire, et n’occupe point ; oui, je conviens qu’il est des esprits qu’une chaîne régulière d’idées et de sentiments doit fatiguer. […] La farce n’exerce ni le goût ni la raison : de là vient qu’elle plaît à des âmes paresseuses ; et c’est, pour cela même, que ce spectacle est pernicieux ; s’il n’avait rien d’attrayant, il ne serait que mauvais. […] La farce est le spectacle de la grossière populace, et c’est un plaisir qu’il faut lui laisser, mais dans la forme qui lui convient, c’est-à-dire, avec une grossièreté, innocente, des tréteaux pour théâtre, et pour salles des carrefours ; par là, il se trouve à la bienséance des seuls spectateurs qu’il convienne d’y attirer. […] Admettre la farce sur nos théâtres ; en faire le spectacle de prédilection, de faveur, de magnificence, c’est afficher le projet ouvert d’avilir, de corrompre, d’abrutir une nation. — Mais ce sont les spectacles qui rapportent le plus. — Ils rapporteront davantage, s’ils sont plus indécents encore.