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563. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Tel étoit chez les Romains le spectacle du Cirque qui faisoit leurs délices & l’horreur des Chrétiens & encore parmi ces combats d’animaux, de taureaux, de chien, de coq, &c : une teinte affoiblie de cette affection barbare. […] Ainsi quelque orage qui survienne pendant le spectacle, on fera tranquille ; on pourra même à l’Opéra faire descendre la foudre, en faisant rouler la machine électrique, après avoir mis un fil d’archal sur le criminel qu’on veut foudroyer. […] Mais, ajoute l’auteur, & ceci ne convient pas moins au Théatre, nous contemplions ce spectacle enchanteur, sans penser que l’enfer étoit sous nos pieds, & qu’entre nous & une mer de feu, il n’y avoit que quelques toises d’intervalle, qu’à chaque instant une éruption pouvoit nous engloutir . […] Les Spectacles sont faits pour un peuple si sensible : ils y sont fréquens & magnifiques. […] Celles de Paris sont très-lucratives & louées par abonnement afin qu’il n’y ait point de vuide dans l’année ; ce profit est réservé aux comédiens ; les auteurs de la piece n’y ont point de part ; c’est un profit net ; il ne contribue point aux frais du spectacle qui se prend uniquement sur la recette de la porte, & diminuent d’autant la portion des auteurs.

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