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195. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

C’aurait été encore ici une des raisons pour établir des Spectacles à Génève ; ils n’appauvriraient pas la République. […] Mais pour peu qu’on ait suivi les Spectacles, on conviendra, que si son calcul est juste pour le temps dont il parle, le mien l’est également pour celui-ci. […] En raisonnant d’après l’expérience, je sais que le sage Spectacle de notre Capitale, produit depuis quelques années un bien réel, parmi les Ouvriers des Professions, qu’on nomme honnêtes : ceux qui le fréquentent sont les plus habiles, & en général, c’est d’eux que les Maîtres sont le plus contens. L’usage des plaisirs des honnêtes-gens leur élève l’âme, & leur fait acquérir cette urbanité que le séjour de la Ville ne donne pas seul : les Pièces de Théâtre ébauchent, ce que la conversation de quelques personnes éclairées, qui suivent nos Spectacles, achève à leur égard. […] Je trouverais bien un autre inconvénient dans ce goût des Spectacles devenu trop commun : c’est que les Grands dédaigneront peut-être de le partager avec le Peuple : alors plus de chef-d’œuvres à espérer dans le Dramatisme ; plus de grands Acteurs, dans le Mimisme ; la Comédie retournerait sur les tréteaux : car, qui voudrait écrire pour le peuple ?

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