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155. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Cependant quand on fait attention au mal que l’Église aperçoit dans les spectacles, aux soins qu’elle prend d’éloigner ses enfants de tout ce qui peut nourrir des passions dangereuses, et à la condescendance qu’elle doit avoir pour les Chrétiens faibles, qui ne peuvent rompre leurs chaînes, et qui peut-être ne les sentent pas ; on voit alors que l’Eglise doit tolérer ceux qui vont aux spectacles, se contenter de punir les principaux Acteurs, et faire toujours exhorter les Fidèles à fuir les spectacles jusqu’à ce qu’ils soient désertés. […] Quoi qu’on ne puisse pas persuader à tout le monde, combien les spectacles sont dangereux, l’Eglise n’est pas moins assurée que tous les Théâtres, et les personnes qui les fréquentent, qui les autorisent, ne sont que de l’ivraie qui croît parmi les Chrétiens. […] rien ne serait plus imprudent ; le parti qu’elle prend avec tant de sagesse, est de laisser les Théâtres, et de désabuser les peuples et de les détourner de ces vains spectacles. […] Saint Chrysostome ne cessa jamais de prêcher contre les spectacles, et quoiqu’il ne les fit pas cesser, il les rendit moins fréquentés. […] Après toutes ces réflexions, il serait superflu de s’étendre davantage, pour montrer que l’Eglise fait éclater sa prudence et sa charité en excommuniant les Comédiens, et en tolérant ceux qui vont aux spectacles.

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