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44. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Or je soutiens, comme vous l’allez voir, qu’ils sont presque tous, ou impurs et défendus dans leur nature, c’est la première partie ; ou excessifs dans leur étendue, c’est la seconde partie ; ou enfin scandaleux dans leurs effets, c’est la troisième et la dernière partie. […] D’une part on m’assure que ces sortes de divertissements sont criminels ; d’autre part on soutient qu’ils sont exempts de péché. Ce qui doit résulter de là, c’est qu’ils sont au moins suspects ; et puisque ceux qui soutiennent que l’innocence y est blessée, sont du reste les plus réglés dans leur conduite, les plus attachés à leurs devoirs, les plus versés dans la science des voies de Dieu, n’est-il pas plus sûr et plus sage que je m’en rapporte à eux, et que je ne risque pas si légérement mon salut ? […] Quand vous prétendez que le jeu, j’entends certain jeu, est indifférent, et quand je soutiens que l’excès du jeu est criminel, votre proposition et la mienne sont toutes deux vraies et se concilient parfaitement ensemble ; mais moi par la mienne je vous avertis d’un abus que la vôtre ne corrigera pas. […] Rien dans l’ordre naturel ne m’est plus précieux que mon œil, rien ne m’est plus utile que ma main pour les actions de la vie, c’est mon pied qui me soutient et qui me conduit ; mais afin de me garantir d’une chûte mortelle, dont je serois menacé en les conservant, il n’y a ni œil, ni pied, ni main que je doive ménager : il faut sacrifier tout pour sauver l’essentiel et le capital, qui est la vie de l’ame : Si manus tua vel pes tuus scandalisat te, abscide eum et projice abs te.

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