Augustin) et ses disciples : « Le lundi gras, 1651, sur le midi, on vit sortir de leur collège de Mâcon une procession dont ils avaient réglé la pompe de cette manière : la croix marchait en tête, suivie d’environ trente petits choristes tant de l’église cathédrale que des collégiales, tous écoliers des jésuites, qui étaient suivis du sieur Bazam, curé de Saint-Etienne, seul prêtre de toute cette troupe ; une cinquantaine d’écoliers marchaient ensuite travestis en Turcs, Japonais, Canadais, Allemands, Anglais, Suisses, et après eux paraissaient quatre estafiers portant un dais à quatre bâtons, sous lequel marchait un petit roi, le sceptre en main et la couronne sur la tête ; par là, ces pères voulaient, à ce qu’ils dirent depuis, représenter la grâce efficace ; derrière eux on voyait une centaine d’écoliers vêtus comme quelques autres nations plus civilisées et plus polies que les précédentes, qui marchaient devant quatre autres écoliers, vêtus en anges, chacun desquels soutenait le bâton d’un dais qui couvrait un petit écolier vêtu en ange, seul avec une croix en la main, et c’était la grâce suffisante ; il était précédé d’un autre écolier de l’âge de vingt-cinq à trente ans, habillé en femme qui avait une grande croix entre les bras ; mais les spectateurs n’en purent déchiffrer le mystère, sinon que l’on avait voulu marquer par là une âme pénitente. […] Ainsi si les jésuites eux-mêmes mettaient au néant les canons des conciles qui proscrivent la danse, les particuliers, ou les danseurs publics, pouvaient bien imiter leur exemple, sans craindre la damnation éternelle, et pratiquer un art réservé aux gens du monde, puisqu’ils le voyaient exercé par des ecclésiastiques qui passaient pour les plus fervents soutiens de la religion romaine. […] Un docteur en théologie soutint une thèse publique à Auxerre, dans laquelle il voulut démontrer que la fête des fous, si fort en vogue, en ce temps, n’était pas moins approuvée de Dieu que la fête de la Conception de Notre-Dame. […] Voici un diplôme de réception délivré à Louis Barbier de la Rivière, évêque de Langres (depuis 1655 jusqu’en 1670) ; sa contexture est digne de remarque, et il est fort singulier, qu’un évêque qui était pair ecclésiastique, et qui fut même au moment d’être élevé au cardinalat, l’ait accepté : « Les superlatifs et mirelifiques Loppinants de l’infanterie dijonnaise, nourrissons d’Apollon et des muses, enfants légitimes du vénérable père Bontemps, à tous fous, archifous, lunatiques, éventés, poètes par nature, par béccare, et par bémol, almanachs vieux et nouveaux, présents, absents et à venir, salut, pistoles, ducats, portugaises, jacobus, écus et autres triquedondaines, savoir faisons, que haut et puissant seigneur de la Rivière, évêque, duc et pair de Langres, ayant en désir de se trouver en l’assemblée de nos goguelus et aimables enfants de l’infanterie dijonnaise, et se reconnaissant capable de porter le chaperon de trois couleurs, et la marotte de sage folie, pour avoir en eux toutes les allégresses de mâchoires, finesses, galantises, hardiesse, suffisance et expérience des dents qui pourraient être requises à un mignon de cabaret, aurait aussi reçu et couvert sa caboche du dit chaperon, pris en main la célèbre marotte, et protesté d’observer et soutenir ladite folie à toute fin, voulant à ce sujet être empaqueté et inscrit au nombre des enfants de notre redoutable dame et mère, attendu la qualité d’homme que porte ledit seigneur, laquelle est toujours accompagnée de folie ; à ces causes, nous avons pris l’avis de notre dite dame et mère, et avons par ces présentes, hurelu Berelu, reçu et impatronisé, recevons et impatronisons ledit seigneur de la Rivière en ladite infanterie ; de sorte qu’il y demeure et soit incorporé au cabinet de l’inteste, tant que folie durera, pour y exercer telle charge qu’il jugera être méritée par son instinct naturel, aux honneurs, privilèges, prérogatives, prééminence, autorité, puissance et naissance que le ciel lui a donnés, avec pouvoir de courir par tout le monde, y vouloir exercer les actions de folie, et y ajouter ou diminuer, si besoin est ; le tout aux gages dus à sa grandeur, assignés sur la défaite et ruine des ennemis de la France, desquels lui permettons se payer par ses mains, aux espèces qu’il trouvera de mise.