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25. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De la Musique Française & Italienne. » pp. 252-286

Quelques Savans ont ôsés soutenir de tout tems, que la Langue Française n’était point propre à la musique. […] Ceux qui ont prétendu que la musique d’Italie valait mieux que la nôtre, n’ignoraient pas les défauts qui gâtent son chant, qu’on peut appeller des vices de terroir ; mais l’estime qu’on conçoit ordinairement pour tout ce qui est loin de nous, ou l’envie de se distinguer, les a porté à soutenir un systême hazardé. […] Je crois que le Peintre amoureux de son modèle ; le Roi & le Fermier, Tome-Jones, soutiendraient un parallèle avec la Serva-Padronna, la Dona superba, &c. […] Ainsi, emporté par son génie, le fameux Citoyen de Genève compose de la musique Française ; & soutient ensuite, par une contradiction singulière, que la Langue Française n’est point absolument susceptible de musique. […] Il soutint qu’il se croyait autorisé à prétendre le pas sur les Musiciens Français, puisqu’il appartenait au chef respectable de toute l’Eglise ; & que d’ailleurs la musique Italienne devait l’emporter sur toutes les autres, parce qu’elle était la source qui les avait produites.

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