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23. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

J’en tombe d’accord ; mais ce n’est pas en cela que consiste toute la beauté de cette Tragédie, et je doute que la pièce pût se soutenir, si vous en ôtiez l’amour d’Achille et d’Iphigénie, et la jalousie d’Eriphile. […] Tout ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils se sont accommodés quelquefois à la manière dont le peuple conçoit les choses, mais ce n’est pas par ces endroits si peu dignes de la majesté de la Scène que leurs pièces se sont soutenues. […] Je dis bien plus, excepté quelques Pièces qui sont toutes d’amour, les plus belles Tragédies que nous ayons vu depuis trente ans se sont soutenues par d’autres beautés que celles que vous trouvez dans cette passion. […] Dites tant qu’il vous plaira que les Tragédies Chrétiennes ne sont propres que pour les Collèges, je soutiendrai toujours qu’elles peuvent plaire à la Cour, et aux gens du monde, pourvu qu’elles soient conduites par d’excellents Auteurs, qui aient assez de génie pour en soutenir toute la Majesté. […] Pour moi qui ne veux point d’amour dans les Tragédies, il me semble que l’on peut n’y mettre point de femmes ; car, excepté l’amour, toutes les autres passions peuvent se soutenir sans elles.

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