Vous ne sauriez nier, qu’il n’y ait bien des choses qui se sont souffertes sur le Théâtre des Anciens, et qui se souffrent encore aujourd’hui sur celui des peuples étrangers, lesquelles seraient fort désapprouvées en France. […] Pour les étrangers, vous savez bien que l’ignorance des règles, ou le peu de soin de polir leurs Ouvrages, leur fait souffrir toutes les extravagances que nous voyons sur leur Théâtre. […] Si vous ne m’eussiez pas vous-même engagé dans le discours que je viens de faire, vous n’auriez jamais tiré la conséquence que vous tirez ; puisqu’enfin mon dessein était de vous faire voir qu’on peu souffrir la Tragédie, et que même c’est un divertissement fort honnête. […] Mais on peut feindre un Héros Chrétien, et le mettre dans l’occasion de souffrir pour la Religion, quand il n’est dans une Pièce que par forme de personnage Episodique, et quand la persécution ne va pas jusqu’à le faire mourir. Si l’histoire en parle, et s’il est vrai que ce Héros a souffert pour la foi, on peut changer la nature de ses souffrances, et faire, par exemple, qu’on le menace de la mort, quoiqu’il n’ait jamais été menacé que de l’exil.