S’il n’y avait à la cour que des Narcisses, Britannicus n’y serait point souffert ; s’il n’y avait que des Burrhus, Britannicus y serait inutile ; mais il y a des hommes vaguement ambitieux et irrésolus encore, ou mal affermis dans la route qu’ils doivent suivre ; c’est pour ceux-là que Britannicus est une leçon, et n’est point une insulte. […] J’avoue que sans ce fond de malice, qui fait qu’on s’amuse des ridicules d’autrui, la comédie serait insipide, et par conséquent infructueuse : aussi ne serait-elle pas soufferte dans une société toute composée de vrais amis. […] Qu’il s’emporte sur tous les désordres dont il n’est que le témoin… mais qu’il soit froid sur celui qui ne s’adresse qu’à lui ; qu’une femme fausse le trahisse, que d’indignes amis le déshonorent, que de faibles amis l’abandonnent, il doit souffrir sans en murmurer ; il connaît les hommes. […] A l’égard des avantages d’une sévère discipline, qu’on en fasse un devoir essentiel, qu’on y attache l’honneur militaire, que la négligence de ce devoir soit un obstacle invincible à l’avancement, et qu’on observe surtout avec une exacte équité des distinctions glorieuses pour les uns, et humiliantes pour les autres : j’ose répondre que les hommes ne seront pas retenus, ne seront pas même soufferts parmi les femmes, au moment où le devoir et l’honneur les appelleront aux drapeaux. […] Petit, Vie du Duc de Montausier, 1729, vol. 2, p. 129 : « Un jour que le Curé de Rambouillet, homme simple et sans façon, lui disait en dînant avec lui des vérités assez désagréables ; un de ses Valets de Chambre lui témoigna qu’il s’étonnait de ce qu’un homme de son rang souffrait qu’on lui parlât avec tant de hardiesse "Pourquoi ne le trouverais-je pas bon ?"